jeudi 14 janvier 2016

Le paquebot Saint Laurent de la Compagnie générale transatlantique (1905)




Le Saint Laurent (deuxième du nom, le premier avait été mis en service par la même compagnie en 1866) était un cargo-mixte construit à Grand Quevilly par les Chantiers de Normandie pour la Compagnie générale transatlantique. Un navire identique avait été préalablement construit sous le nom de Hudson pour la même compagnie. Cette paire de navires était destinée au transport des émigrants vers le continent américain ce qui explique leur manque de notoriété par rapport à d'autres unités de la compagnie. Mis en service en mai 1905 sur la ligne du Mexique, le Saint Laurent naviguera alternativement sur cette ligne et sur celle de New York à partir de février 1906.

Il est réquisitionné comme navire auxiliaire le 30 août 1916  ; son équipage est alors constitué de marins civils mobilisés. Il sera utilisé pour le transport de troupes et de matériels à destination de Salonique.

Il quitte Marseille le 30 janvier 1917 pour gagner une nouvelle fois Salonique. Une escale est prévue à Malte. Il emmène 246 soldats, 135 civils de nationalité grecque et 50 déserteurs sous la garde de 6 gendarmes. Sa cargaison comprend 2 300 tonnes de marchandises diverses, 400 tonnes de carburant pour avions, et des munitions. Après un voyage paisible, il parvient à Malte le 3 février au matin et prend place à quai.

L5 février 1917, peu avant 8 heures, alors que le navire est toujours à quai, deux énormes explosions retentissent à son bord. Le navire est dévasté, corps et débris retombent à la mer et sur les quais avoisinants. S'ensuit un très violent incendie à son bord. Des marins britanniques participent aux secours. Le navire est bien sûr toujours chargé de munitions et, afin d'éviter une explosion qui serait catastrophique pour la ville, les autorités portuaires le font remorquer au large et torpiller.


lundi 11 janvier 2016

Anatase Mikoyan, brise-glace soviétique


La construction de deux brise-glaces de la classe Joseph Stalin a été entamée au chantier André Marty de Nikolaïev en novembre 1935. Il est alors prévu que l’un d’entre eux porte le nom de Otto Schmidt en hommage au brillant mathématicien, un temps responsable du Glavsevmorput. Le même chantier construira un autre navire identique, qui prendra le nom de Lazare Kaganovich. Un chantier de Leningrad construira les deux autres unités de la même série ; elles porteront les noms de Joseph Stalin et Vyacheslav Molotov.


L'Otto Schmidt sera lancé en 1938 et prendra au cours de l'année suivante le nom d’Anatase Mikoyan afin de célébrer l’un des proches collaborateurs de Staline.

Il est livré le 26 août 1941 sans que des essais aient pu se dérouler lieu. Ils ont été empêchés par les actions aériennes de l’armée allemande qui bombarde la ville de Nikolaeïv. Le brise-glace gagne donc Sébastopol où un armement d’une vingtaine de canons de différents calibres sera installé à son bord. En revanche, le projet des hydravions qu'il devait être possible de lancer depuis une rampe placée à l'arrière a été abandonné. Ainsi armé en croiseur auxiliaire, il va participer à plusieurs opérations militaires au cours de l'été 1941 (défense d'Odessa et de Sébastopol, évacuation de civils et de blessés de Sébastopol à Novorossisk, débarquement de Grigorievka le 22 septembre) puis reçoit l'ordre de gagner l'Arctique.

C'est alors que se déroule l'épisode sans conteste le plus marquant de la vie de ce navire : un voyage de neuf mois (novembre 1941 – août 1942) qu'il dût effectuer au départ de la mer Noire pour gagner le détroit de Bering en traversant successivement la Méditerranée puis les océans Atlantique et Pacifique. À son départ de la mer Noire, aux ordres du capitaine de 2e rang S.Sergeev, il est accompagné des trois pétroliers Sakhaline, Tuapse et Varlaam Avanessov qui doivent gagner le port anglais de Famagouste sur l'île de Chypre.

Pour satisfaire aux conditions turques de neutralité, c'est sans armes que le brise-glace doit traverser le Bosphore. Celles-ci ont donc été retirées avant le début du voyage lors d'une escale dans le port géorgien de Poti. C'est par conséquent sans pouvoir riposter que, après une escale à Istanbul à la fin du mois  de novembre 1941, le navire est attaqué par trois torpilleurs italiens en mer Égée, peu de temps après avoir quitté le détroit des Dardanelles. Des manœuvres d'évitement lui permettent d'échapper aux dégât qu'auraient causé les torpilles italiennes. Il subit une nouvelle attaque italienne le lendemain qui, si elle n'atteint pas la coque, laisse de nombreuses empreintes sur ses cheminées et dans ses superstructures. Mais il put encore une fois éviter les torpilles et atteint la base britannique de Chypre où sont opérées les réparations nécessaires. Sa perte ayant été proclamée par les forces de l'Axe à la suite du recueil de morceaux de bois et d'un gilet de sauvetage provenant d'un canot de sauvetage du brise-glace qui était tombé à l'eau atteint par les tirs ennemis, il fut accueilli par un groupe britannique prêt au combat devant l’arrivée d’un ennemi potentiel.

Le voyage reprend par le canal de Suez et la mer Rouge. Le brise-glace quitte Aden le 1er février 1942 et fait route le long de la côte orientale de l'Afrique. Une escale au Cap lui permet de charbonner de façon importante en vue de la traversée de l’Atlantique. Il quitte Le Cap le 26 mars 1942, destination Montevideo atteinte sous une escorte britannique qui a joint récemment. Puis c'est au tour du cap Horn d'être franchi avant de remonter au nord vers San Francisco. La Corne d’Or de Vladivostok accueille le brise-glace en juin 1942. Un armement lui est réinstallé avant qu’il poursuive son voyage vers le nord. Enfin, le 9 août, le navire pénètre dans les eaux soviétiques du golfe d'Anadyr. Plus à l’est, dans Providence Bay, à l’extrémité sud-est de la presqu’île des Tchouktches, 3 bâtiments de la marine soviétique et 19 cargos ont été rassemblés qui vont constituer le convoi EON 18 destiné à ravitailler l’URSS. Le convoi appareille de Providence Bay le 14 août pour franchir le détroit de Bering et pénétrer dans l’Arctique. À la tête du convoi se trouve l’Anatase Mikoyan dont la présence va s’avérer utile puisque les premières glaces sont rencontrées dans le détroit de Bering. Les conditions vont s’avérer suffisamment difficiles pour que l’aide de deux autres brise-glaces, Lazare Kaganovich et Stalin (identiques à l’Anatase Mikoyan), soit jugée nécessaire pour permettre au convoi de progresser jusqu’à Ambarchik où il arrive le 11 septembre. Le 14 septembre, c’est Tiksit qui est atteinte. Les navires y restent jusqu’au 19 septembre en raison de la présence signalée en mer de Kara de bâtiments allemands. C’est l’opération Wunderland, menée par le croiseur Amiral Scheer accompagné de cinq sous-marins et destinée à éliminer le plus grand nombre possible de navires soviétiques de l’Arctique et dont le résultat ne sera pas un grand succès allemand. Les navires du convoi reprennent leur voyage le 19 septembre. L’arrivée à Dixon se fait le 24 septembre et la traversée de la mer de Kara s’achève le 10 octobre ; les navires du convoi EON18 sont maintenant en eau libre et n’ont plus besoin d’aide pour atteindre Severodvinsk, le port de la mer Blanche proche d’Arkhangelsk. L’Anatase Mikoyan n’y parvient lui que le 21 décembre après avoir passé plusieurs semaines en mer de Kara après avoir tracé la route pour d’autres convois.














Les cartes du voyage d'Anatase Mikoyan :





 


Mais lors de cette navigation d’approche du port, le brise-glace heurte une mine allemande qui provoque d’importants dégâts à sa coque et à ses machines sans toutefois lui enlever complètement la capacité de naviguer par lui-même, le système propulsif étant peu touché et la flottabilité restant satisfaisante. Des réparations importantes sont néanmoins nécessaires qu’aucun port arctique ne peut assurer par manque d’équipements pour un navire de cette taille. Des contacts sont pris au plus haut niveau et il est décidé que le brise-glace sera remis en état à… Seattle, le grand port californien. Faire route vers ce chantier sera l’occasion d’un voyage en sens inverse tout en ouvrant la voie à un autre convoi.

Réparé, il poursuivit ses missions en Arctique pendant encore de nombreuses années après la guerre avant d'être démoli en 1966 à Vladivostok.









dimanche 3 janvier 2016

Paquebot "La Corse" de 1872



En avril 2011, nous publiions sur ce blog ce cliché du cargo La Corse. L'auteur de l'article s'interrogeait sur les origines de ce navire. Rangeant notre documentation, le cliché retombe sous nos yeux et les recherches reprennent. Voici leur résultat.

En mai 1870, la convention postale pour les lignes d'Afrique du Nord (auparavant détenue par les Messageries Maritimes) est attribuée à la compagnie Valéry, armement fondé en 1843 à Bastia. Pour remplir ses nouvelles obligations, l'armement corse fait construire par le chantier Scott de Greenock en Écosse une série de huit navires identiques :
Afrique (1872), Ajaccio (1872), Bastia (1872), La Corse (1872), Immaculée Conception (1872), Maréchal Canrobert (1873), Mohamed El Sadock (1873) et Lou Cettori (1873).

Mais les résultats financiers de la compagnie ne sont pas satisfaisants et en 1880, la convention est attribuée à la Compagnie Générale Transatlantique à laquelle ces huit navires sont cédés au mois de décembre.

Intéressons-nous de plus près au navire de la carte postale. La Corse fut lancée le 22 juillet 1872. Après son acquisition par la CGT, elle est transformée en cargo par les chantiers de Penhoët au cours du second semestre 1881 puis est utilisée sur plusieurs routes méditerranéennes. C'est après cette transformation que le cliché a été réalisé dans le port de Cannes devant lae quai St Pierre. En 1896, le navire est affecté à la route Bordeaux – St Nazaire – Londres. En mars 1897, il est échoué au large de Brest pour éviter un naufrage dû à une voie d'eau. Réparé à Penhoët, il reprend son service mais est vendu en 1902 à une compagnie de Manille qui lui donne le nom de De la rama. Il disparaît des listes avant 1910.

samedi 2 janvier 2016

Brise-glace Murmansk (projet 21900M)

Le deuxième brise-glace de la classe Vladivostok - projet 21900M - porte le nom de Murmansk (IMO 9658666) et a été livré il y a quelques jours à son commanditaire Rosmorport. Rappelons que les navires de cette classe sont principalement destinés à être utilisé en mer Baltique.

Cliché DR